
C’est, incontestablement, le plus ancien
édifice religieux islamique érigé
dans l’Occident musulman.
C’était en 670, lors de la première
campagne en vue de l’annexion de l’Ifriqiya
à l’empire musulman naissant. Après
avoir choisi, à la lisière des contreforts
montagneux du nord du pays, l’emplacement
du «cantonnement» - al qayrawân
- dans lequel il installa ses troupes dans la
foulée d’une première offensive
victorieuse, le général Okba Ibn
Nafaa s’empressa d’y ériger
un siège pour le gouvernement de la province
ifriqiyenne et un oratoire en briques crues qui,
au IXe siècle, après
plusieurs réaménagements et à
quelques détails près, se présentera
sous l’apparence que nous connaissons aujourd’hui
à la Grande Mosquée.

Monument singulier, que cette Grande Mosquée
de Kairouan dont la parfaite harmonie cache à
la perfection un « synchrétisme »
architectural unique dans son genre.
Les matériaux qui ont servi à sa
construction proviennent tous, en effet, de sites
antiques appartenant à diverses époques
antérieures à la conquête
islamique, cependant que l’allure générale
de l’édifice, en particulier, le
minaret, reflète une lointaine influence
orientale. Le tout forme un ensemble original,
aux traits sobres mais non dépourvus d’élégance.
S’agissant de la décoration intérieure,
il faut parler d’exubérance : une
véritable explosion de motifs géométriques
et floraux taillés dans le marbre fin qui
décore la façade du mihrâb,
la niche qui indique la direction de la Mecque,
ou gravés dans les panneaux de bois précieux
qui composent le minbar, chaire pour le prêche.
|